LA PECHE AU CYANURE EXISTE TOUJOURS. | |
S'intéresser à
l'aquariophilie marine, c'est bien sûr s'intéresser aux poissons que l'on
héberge, car les lois sont faites pour les protéger et préserver l'équilibre des
milieux naturels dans lesquels ils évoluent. L'amateur et le professionnel de poissons
marins doit se rendre compte de la responsabilité morale qu'il engage en
maintenant ces animaux en captivité. Tout d'abord, une constatation! la quasi-totalité des récifs mondiaux meurt. Les causes de la destruction des récifs sont diverses: pollution, pêche intensive, pêche sauvage à l'explosifs ou aux cyanures et surtout phénomènes climatiques comme El Nino. Ma rencontre avec Vincent Chalias, jeune biologiste de 26 ans, issue du CREUFOP à Sète, actuellement résidant en Indonésie, ayant travaillé en temps que manager d'une société exportatrice de poissons au Kenya pendant un an, et aussi chez plusieurs grossistes du sud de la France, avec une expérience en Aquarium public, me permet de vous faire découvrir et de comprendre que la pêche aux cyanures de potassium existe encore et toujours. Les poissons marins proviennent pratiquement tous de l'Indonésie (17000 îles) Le système de pêche est le suivant: Des patrons de pêche asiatique qui s'occupent surtout le l'exportation des mérous vivants pour les restaurants de Singapour et Hong-Kong, achètent les poissons aux pêcheurs ( Leur fournissant le cyanure de potassium au passage), revendent aux exportateurs les poissons réservés à l'aquariophilie, et pour les endroits très éloignés il y a souvent un deuxième intermédiaire, et en général ces intermédiaires sont aussi d'origine chinoise car sur les 27 exportateurs de Bali, et plus de 30 exportateurs sur Jakarta, il n'y a qu'un Français et un seul Indonésien, tout le reste sont des Asiatiques. C'est de la que vient l'un des plus gros problème. Les intermédiaires ne connaissent rien aux poissons, ils n'ont souvent pas de structure, et gardent les poissons dans des sacs plastiques en changeant l'eau tout les jours, et lors du changement d'eau, l'augmentation brutale du PH entraîne les intoxications par l'ammoniaque (réaction NH3/NH4 réversible aux alentours de PH: 6.8). Sans parler des problèmes de température, et de l'intoxication du Cyanure. C'est pour attraper ces mérous que le cyanure de potassium est principalement utiliser, les poissons d'aquariums ne sont qu'un "bonus". Les Asiatiques fort consommateur de poissons doivent fournir régulièrement aux restaurateurs les mérous qui se vendent à des prix très élevés ( 200 à 2000 francs le Kilo pour le Mérou Rouge ), malheureusement les pécheurs sont les premiers à ingérer leurs prises, et donc les premiers consommateurs de cyanure. Le gain d'argent entraîne aujourd'hui, une augmentation des exportateurs qui dérive vers une course aux poissons de plus en plus loin des sites d'exportations, une très grosse baisse de la qualité du poisson entraînée par l'augmentation de la distance de pêche. Vincent Chalias révolté par ces méthodes nous dit :" Nous travaillons de manière à avoir une petite structure près de chaque site de collecte, afin de garder les poissons dans les meilleures conditions possibles. Notre fournisseur possède 12 fermes, de la ferme d'exportation très grosse à de petites structures de plusieurs batteries pour stocker les poissons sur les sites de pêches en passant par la ferme de bénitiers ou de poissons clowns. Personnellement je m'occupe de l'organisation des envois pour la société pour laquelle je travail, du contrôle de la qualité des coraux, du respect des commandes,..., de Bali, Lombok et de temps en temps de Jakarta. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos fournisseurs, et en ce moment 2 Français d'une école d'Aquaculture s'occupe de lancer l'élevage de poissons en commencent par les clowns. Ils travaillent aussi sur le bouturage de coraux ainsi que les essaies de nouveaux anesthésiants à basse de plantes inoffensifs pour les poissons et la faune aquatique, qui nous l'espérons, remplacera cette pêche aux cyanures qui fait temps de ravage." Les injections du cyanure sur les récifs sont irréversibles, pour la flores aquatiques, les poissons, voir même sur les pêcheurs qui prennent énormément de risque pour faire vivre leur famille. Les Philippines dont les côtes sont ravagées par ce problème, travaille à la recherche de ces exportateurs peu scrupuleux, en prélevant les poissons des pêcheurs Asiatiques aux arrivages, pour la recherche du cyanure dans le foie des poissons, avec comme conséquence une forte amende et un emprisonnement du pêcheur, mais les exportateurs passent à travers les mailles du filet. Malgré de nombreuses campagnes publicitaires contre le cyanure et la dynamite sur la télévision Indonésienne, le problème reste le même, car dans l'esprit des pêcheurs, ils ne se rendent pas compte des conséquences que cela entraîne. ils pensent utiliser un médicament qui endort le poisson. La nouvelle génération de pêcheurs ne connaît que ces 2 techniques de pêches, ils ont pratiquement perdue toutes leurs connaissances et les traditions, que leurs ont enseignés leurs parents, ils ne savent plus faire des pièges, des filets efficaces, des rapalats,... La conséquence, 90% des poissons marins des clients sont des poissons cyanurés, qui entraîne la mort certaine des poissons dans les aquariums, six mois aprés. Certains poissons y résistent, en général les plus gros, les autres meurent par intoxication du foie. L'intéret financier est plus fort que le respect du réservoir naturel. Réglementer les prélèvements afin qu'ils ne deviennent pas anarchiques est donc un besoin vital. En prenant conscience de la fragilité des coraux, des récifs, des poissons et de cette magnifique faune aquatique, il devient impératif que le monde prenne conscience que nous nous détruisons nous même à petit feu. Je remercie Vincent pour la qualité de ces informations, et nous lui souhaitons bonne chance, pour l'amélioration de ce problème qu'il essaye d'éradiquer par l'élevage de poissons marins et de bénitiers.
Article réalisé par Pascal Lelandais avec la collaboration de Vincent Chalias. |
Photos réalisées
par Vincent Chalias et Pascal Lelandais |